Ce lundi 20 mai, La Corée du Nord a effectué un nouveau tir de missile à courte portée, le cinquième en trois jours. Ces provocations en chaîne ont été condamnées par l’ONU et la communauté internationale, qui se sont inquiétées des « conséquences de cette dangereuse escalade ».
Le dernier tir a été confirmé ce matin par un porte-parole de l’armée sud-coréenne. Bien que ce dernier ait déclaré ne pas savoir s’il s’agissait de tests de missiles guidés ou de fusées tirées de lanceurs multiple, la presse sud-coréenne a émis l’hypothèse de missiles sol-sol KN-02, dont la portée peut attendre 160 km.
Pyongyang a lancé trois missiles de courte portée samedi, et un quatrième dimanche, tous tirés à partir de sa côte orientale vers la mer du Japon. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est déclaré dimanche 19 mai « préoccupé les tensions dans la péninsule coréenne, étant donné les risques d'escalade », ajoutant « espérer que la Corée du Nord allait reprendre les négociations (...) et cesser son comportement de provocation ». En visite en Russie, le secrétaire des Nations Unies en a profité pour appeler Moscou à exercer son influence sur Pyongyang et l'amener de nouveau à négocier.
De son côté, Séoul a stigmatisé le « comportement déplorable du Nord qui ne sait pas s’arrêter dans sa logique belliqueuse » et annoncé que le niveau d’alerte dans le pays serait maintenu à son niveau maximum, tandis que le porte-parole du département d'Etat américain, Darby Holladay, pressait Pyongyang de « revenir sur le chemin de la paix ».
Des réactions somme toute mesurées, qui peuvent s’expliquer par le fait que des tirs de missiles de petite portée ne pourraient engendrer la même condamnation internationale, ni des sanctions immédiates, comme celles qui avaient suivi l’essai nucléaire de la Corée le 7 mars dernier (1).
L’exhibition par Pyongyang de missiles Musudan à moyenne portée sur ses côtes il y a quelques semaines avait eu un effet tout autre. Tokyo et Séoul avaient accru leur défense antimissiles tandis que l'armée américaine avait déployé deux destroyers équipés d'armes et de puissants radars pour contrer un possible lancement. Les Musudan ont une portée estimée à entre 2.500 et 4.000 km, suffisante pour atteindre la Corée du Sud et le Japon, et éventuellement les bases américaines situées sur l'île de Guam dans le Pacifique.
Même les médias japonais, d’ordinaire très sensibles à la moindre provocation de la Corée du Nord, ont eux aussi suivi la tendance ce 20 mai : Le Tokyo Shimbun se contentai aujourd'hui de signaler que Pyongyang avait effectué une série de tests de lancement de missiles.
Ces derniers incidents s’inscrivent dans le cadre des nombreuses menaces brandies par la Corée du Nord depuis le vote des sanctions internationales à son encontre, et surtout les manoeuvres militaire communes de la Corée du Sud et des Etats-Unis en mer, que Pyongyang continuent de décrire comme une « préparation à l’invasion de son territoire ».
« Nous espérions que cela n’arriverait pas mais nous ne sommes pas tellement étonnés », avoue à Eglises d’Asie ce 20 mai, un prêtre sud-coréen. « Pour nous, il s’agit de la tactique habituelle : menacer pour obtenir ensuite des accords rétablissant l’aide alimentaire et levant les sanctions internationales ». De plus, ajoute-t-il, « il vient d’y avoir un grand scandale de moeurs concernant un homme politique, et à chaque que le gouvernement sud-coréen lui semble affaibli, la Corée du Nord lance de nouvelles menaces ».
A chaque crise traversée par les deux Corées, l’Eglise sud-coréenne a toujours voulu garder la même attitude consistant à oeuvrer inconditionnellement en faveur de la réconciliation et de la paix, tout en demandant au gouvernement de répondre par le dialogue et la politique de la main tendue, quelles que soient les provocations de Pyongyang.
Si la plupart des Sud-Coréens partagent cet avis sur la pratique d'une politique de menace « non suivie d'effets » de la Corée du Nord, quelques experts se montrent plus inquiets, craignant que les réactions du jeune et actuel leader ne puisse se décrypter sur le même modèle que celui de son père et prédécesseur.
Pendant des décennies en effet, la Corée du Nord a habitué la communauté internationale à des « gesticulations et déclarations menaçantes » destinées davantage à impressionner les pays voisins et les grandes puissances dont elle dépend économiquement, qu’à déclencher une guerre qu’elle n’aurait aucune chance de gagner.
Or, avec bien plus de détermination que lors des escarmouches précédentes, l’option de la diplomatie qui pourrait ouvrir la voie à des négociations, est refusée obstinément aujourd'hui par Pyongyang. Les tirs des 18, 19 et 20 mai surviennent peu après les récentes tentatives d’apaisement de Séoul. De plus, la Corée du Nord a rejeté l’appel du Sud appelant à négocier la réouverture du site industriel intercoréen de Kaesong, fermé par Pyongyang depuis le 3 avril. Ces dernières semaines, la Corée du Nord semble donc poursuivre sa logique de confrontation, allant jusqu’à brûler ses derniers vaisseaux, le centre de Kaesong étant vital pour soutenir l’économie exsangue du pays actuellement enlisé dans une grave crise alimentaire et sanitaire.
Quant au danger militaire que pourrait représenter la Corée du Nord, il semblerait qu’il ait été sous-évalué. Selon un rapport publié vendredi 18 mai par l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, Pyongyang possèderait deux fois plus de lanceurs mobiles de missiles qu'estimé jusqu'à présent. Il y a quelques semaines pourtant, experts sud-coréens et américains se rejoignaient sur le fait que Pyongyang pratiquait le « bluff militaire », selon une tactique éprouvée par le régime stalinien, essayant d’impressionner ses ennemis en prétendant avoir les moyens de sa politique belliqueuse.
Ce rapport est venu ébranler cette certitude, la veille des premiers tirs de missiles. Selon le Korea Institute for Defense Analyses (KIDA), la Corée du Nord aurait ainsi 50 missiles de grande portée (Musudan), 50 lanceurs de missiles de moyenne portée et 150 lanceurs de missiles de courte portée, et non pas 94 au total comme le pensait Séoul et le Pentagone lequel vient de publier simultanément les mêmes conclusions.
Parmi les éléments qui font douter les experts de la simple réitération d’un schéma de provocation sans conséquence, figure également en bonne place le fait que les incidents meurtriers qui ont émaillé la fin du règne de Kim Jung-il ( le torpillage d’une corvette-militaire sud-coréenne et le bombardement de l’île de Yeonpyeong en Corée du Sud), n’avaient pas été décidées par le « Cher Leader », déjà très malade. Le responsable de ces tirs, qualifiés d’incidents les plus graves depuis l’armistice de 1953 (1) était son fils Kim Jung-un, futur dirigeant du pays, fraîchement nommé à la tête des armées.
(1) Les mesures adoptées par l’ONU le 7 mars 2013 s’ajoutaient à une série de sanctions prises à l’encontre du régime communiste depuis qu’il a mené son premier essai nucléaire en 2006, suivi par un deuxième en 2009 et un troisième le 12 février dernier.
(2) Si l’armistice de 1953 a suspendu les hostilités et acté la séparation entre les deux Corées, aucun traité de paix n’a mis légalement fin à la guerre. Le pacte de non-agression entre le Nord et le Sud a été signé en 1991 : il engage les deux pays à régler pacifiquement leurs différends et à éviter les confrontations militaires.
(Source: Eglises d'Asie, 20 mai 2013)
Le dernier tir a été confirmé ce matin par un porte-parole de l’armée sud-coréenne. Bien que ce dernier ait déclaré ne pas savoir s’il s’agissait de tests de missiles guidés ou de fusées tirées de lanceurs multiple, la presse sud-coréenne a émis l’hypothèse de missiles sol-sol KN-02, dont la portée peut attendre 160 km.
Pyongyang a lancé trois missiles de courte portée samedi, et un quatrième dimanche, tous tirés à partir de sa côte orientale vers la mer du Japon. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est déclaré dimanche 19 mai « préoccupé les tensions dans la péninsule coréenne, étant donné les risques d'escalade », ajoutant « espérer que la Corée du Nord allait reprendre les négociations (...) et cesser son comportement de provocation ». En visite en Russie, le secrétaire des Nations Unies en a profité pour appeler Moscou à exercer son influence sur Pyongyang et l'amener de nouveau à négocier.
De son côté, Séoul a stigmatisé le « comportement déplorable du Nord qui ne sait pas s’arrêter dans sa logique belliqueuse » et annoncé que le niveau d’alerte dans le pays serait maintenu à son niveau maximum, tandis que le porte-parole du département d'Etat américain, Darby Holladay, pressait Pyongyang de « revenir sur le chemin de la paix ».
Des réactions somme toute mesurées, qui peuvent s’expliquer par le fait que des tirs de missiles de petite portée ne pourraient engendrer la même condamnation internationale, ni des sanctions immédiates, comme celles qui avaient suivi l’essai nucléaire de la Corée le 7 mars dernier (1).
L’exhibition par Pyongyang de missiles Musudan à moyenne portée sur ses côtes il y a quelques semaines avait eu un effet tout autre. Tokyo et Séoul avaient accru leur défense antimissiles tandis que l'armée américaine avait déployé deux destroyers équipés d'armes et de puissants radars pour contrer un possible lancement. Les Musudan ont une portée estimée à entre 2.500 et 4.000 km, suffisante pour atteindre la Corée du Sud et le Japon, et éventuellement les bases américaines situées sur l'île de Guam dans le Pacifique.
Même les médias japonais, d’ordinaire très sensibles à la moindre provocation de la Corée du Nord, ont eux aussi suivi la tendance ce 20 mai : Le Tokyo Shimbun se contentai aujourd'hui de signaler que Pyongyang avait effectué une série de tests de lancement de missiles.
Ces derniers incidents s’inscrivent dans le cadre des nombreuses menaces brandies par la Corée du Nord depuis le vote des sanctions internationales à son encontre, et surtout les manoeuvres militaire communes de la Corée du Sud et des Etats-Unis en mer, que Pyongyang continuent de décrire comme une « préparation à l’invasion de son territoire ».
« Nous espérions que cela n’arriverait pas mais nous ne sommes pas tellement étonnés », avoue à Eglises d’Asie ce 20 mai, un prêtre sud-coréen. « Pour nous, il s’agit de la tactique habituelle : menacer pour obtenir ensuite des accords rétablissant l’aide alimentaire et levant les sanctions internationales ». De plus, ajoute-t-il, « il vient d’y avoir un grand scandale de moeurs concernant un homme politique, et à chaque que le gouvernement sud-coréen lui semble affaibli, la Corée du Nord lance de nouvelles menaces ».
A chaque crise traversée par les deux Corées, l’Eglise sud-coréenne a toujours voulu garder la même attitude consistant à oeuvrer inconditionnellement en faveur de la réconciliation et de la paix, tout en demandant au gouvernement de répondre par le dialogue et la politique de la main tendue, quelles que soient les provocations de Pyongyang.
Si la plupart des Sud-Coréens partagent cet avis sur la pratique d'une politique de menace « non suivie d'effets » de la Corée du Nord, quelques experts se montrent plus inquiets, craignant que les réactions du jeune et actuel leader ne puisse se décrypter sur le même modèle que celui de son père et prédécesseur.
Pendant des décennies en effet, la Corée du Nord a habitué la communauté internationale à des « gesticulations et déclarations menaçantes » destinées davantage à impressionner les pays voisins et les grandes puissances dont elle dépend économiquement, qu’à déclencher une guerre qu’elle n’aurait aucune chance de gagner.
Or, avec bien plus de détermination que lors des escarmouches précédentes, l’option de la diplomatie qui pourrait ouvrir la voie à des négociations, est refusée obstinément aujourd'hui par Pyongyang. Les tirs des 18, 19 et 20 mai surviennent peu après les récentes tentatives d’apaisement de Séoul. De plus, la Corée du Nord a rejeté l’appel du Sud appelant à négocier la réouverture du site industriel intercoréen de Kaesong, fermé par Pyongyang depuis le 3 avril. Ces dernières semaines, la Corée du Nord semble donc poursuivre sa logique de confrontation, allant jusqu’à brûler ses derniers vaisseaux, le centre de Kaesong étant vital pour soutenir l’économie exsangue du pays actuellement enlisé dans une grave crise alimentaire et sanitaire.
Quant au danger militaire que pourrait représenter la Corée du Nord, il semblerait qu’il ait été sous-évalué. Selon un rapport publié vendredi 18 mai par l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, Pyongyang possèderait deux fois plus de lanceurs mobiles de missiles qu'estimé jusqu'à présent. Il y a quelques semaines pourtant, experts sud-coréens et américains se rejoignaient sur le fait que Pyongyang pratiquait le « bluff militaire », selon une tactique éprouvée par le régime stalinien, essayant d’impressionner ses ennemis en prétendant avoir les moyens de sa politique belliqueuse.
Ce rapport est venu ébranler cette certitude, la veille des premiers tirs de missiles. Selon le Korea Institute for Defense Analyses (KIDA), la Corée du Nord aurait ainsi 50 missiles de grande portée (Musudan), 50 lanceurs de missiles de moyenne portée et 150 lanceurs de missiles de courte portée, et non pas 94 au total comme le pensait Séoul et le Pentagone lequel vient de publier simultanément les mêmes conclusions.
Parmi les éléments qui font douter les experts de la simple réitération d’un schéma de provocation sans conséquence, figure également en bonne place le fait que les incidents meurtriers qui ont émaillé la fin du règne de Kim Jung-il ( le torpillage d’une corvette-militaire sud-coréenne et le bombardement de l’île de Yeonpyeong en Corée du Sud), n’avaient pas été décidées par le « Cher Leader », déjà très malade. Le responsable de ces tirs, qualifiés d’incidents les plus graves depuis l’armistice de 1953 (1) était son fils Kim Jung-un, futur dirigeant du pays, fraîchement nommé à la tête des armées.
(1) Les mesures adoptées par l’ONU le 7 mars 2013 s’ajoutaient à une série de sanctions prises à l’encontre du régime communiste depuis qu’il a mené son premier essai nucléaire en 2006, suivi par un deuxième en 2009 et un troisième le 12 février dernier.
(2) Si l’armistice de 1953 a suspendu les hostilités et acté la séparation entre les deux Corées, aucun traité de paix n’a mis légalement fin à la guerre. Le pacte de non-agression entre le Nord et le Sud a été signé en 1991 : il engage les deux pays à régler pacifiquement leurs différends et à éviter les confrontations militaires.
(Source: Eglises d'Asie, 20 mai 2013)