Le Carmel de Huê fêtera au mois d’octobre prochain le premier centenaire de sa fondation. Le 19 mars dernier, l’archevêque de Huê, Mgr Etienne Nguyên Nhu Thê, a présidé la messe d’inauguration d’une année consacrée à la commémoration de cet événement, dont l’archevêque a souligné la grande importance à l’intérieur de son diocèse
Le Carmel de Huê est le troisième à avoir été fondé au Vietnam, après ceux de Saigon et de Hanoi. Au mois d’octobre 1909, Mgr Allys, vicaire apostolique de la Cochinchine septentrionale, se rendit en personne au couvent d’Hanoi pour y chercher le petit groupe de religieuses chargées de former la première communauté de religieuses contemplatives dans la capitale impériale de la dynastie des Nguyên. Il y avait deux religieuses françaises, originaire des Carmels du Mans et de Blois, et deux religieuses vietnamiennes, formées l’une à Saigon, l’autre à Hanoi. Elles étaient accompagnées d’une sœur tourière. Il leur suffit de trois mois pour s’installer sur le bord de la rivière des parfums sous le patronage de sainte Thérèse d’Avila. La première abbesse fut Sœur Aimée de Marie.
Deux ans plus tard, les seules difficultés rencontrées étaient financières; le fonctionnement de la communauté et son recrutement donnait toute satisfaction. Mgr Allys écrit dans son rapport annuel de 1911 (1): « Notre Carmel n’est pas encore complètement achevé. Les travaux ont été suspendus faute de ressources suffisantes. Mais cet arrêt dans les constructions ne porte pas de préjudice à la régularité du monastère ni au recrutement des Religieuses, ni à celui des Novices. Ces dernières sont au nombre de huit, toutes Vietnamiennes. » Douze ans plus tard, au début du mois de mai 1921, le monastère célébrait le troisième centenaire de la canonisation de sainte Thérèse d’Avila. Tous les bâtiments étaient achevés, le mur de clôture édifié, ainsi qu’une belle chapelle. La communauté se composait de quatre religieuses françaises, huit religieuses vietnamiennes, cinq novices et quatre postulantes, auxquelles il faut ajouter six sœurs tourières. Dans le petit cimetière accolé au couvent, reposait déjà trois religieuses, deux françaises, une vietnamienne (2).
En 1934, le 25ème anniversaire de la fondation du Carmel, célébrée sous la présidence de Mgr Chabanon, permettait aux religieuses de faire le point sur les progrès réalisés depuis leur arrivée à Huê. Le recrutement ne cessait d’être abondant et le Carmel de Huê a plusieurs fois essaimé. En 1923, il a fondé le premier Carmel des Philippines, qui, par la suite, donnera naissance à 23 autres couvents. Les carmélites de Huê sont aussi à l’origine de la fondation du Carmel des missions à Cholet, en France. Enfin, en 1929, un groupe de carmélites de Huê fonde le Carmel du diocèse de Thanh Hoa, qui est devenu aụjourd’hui le Carmel de Nha Trang. Le couvent dirigé par la sœur abbesse Marie Isabelle de la Trinité comptait alors une vingtaine de religieuses, dont quatre françaises (3). En 1959 fut nommée la première supérieure vietnamienne, Mère Aimée Marie Nguyên Huu Thi Tai.
En 1975, les événements de la guerre forcèrent la communauté carmélite de Huê à se réfugier au Sud. Elle y fut accueillie dans la paroisse Binh Triêu de Saigon. A cette époque, de nombreuses jeunes filles demandèrent à s’agréger à la communauté, si bien qu’en 1996, elle était composée de 38 religieuses. Le 17 avril 1996, onze d’entre elles, conduites par Sœur Thérèse Consolata, revinrent à leur ancien couvent de Huê, tandis que le reste de la communauté formait ce qui s’appelait désormais le Carmel de Binh Triêu et peut être considéré comme une fondation du Carmel de Huê.
C’est au XIXème siècle dans l’esprit d’un prisonnier condamné à mort que naquit le projet de fondation du carmel au Vietnam (4). Mgr Dominique Lefebvre a été en effet détenu et condamné à mort à Huê par deux fois, une première fois alors qu’il venait d’être sacré coadjuteur de Mgr Cuénot, une seconde fois, après qu’il eut été nommé vicaire apostolique de la Cochinchine occidentale. Au cours de son séjour en prison, il le révélera plus tard, il reçut une consigne mystérieuse de sainte Thérèse d’Avila: « Etablissez le Carmel en Annam: Dieu en sera grandement servi et glorifié. » Lorsque la paix fut rétablie, l’évêque se mit en rapport avec le Carmel de Lisieux, où se trouvait une de ses cousines, Sœur Philomène. C’est elle et ses compagnes qui fondèrent le Carmel de Saigon, où elles arrivèrent en octobre 1861. Les religieuses de Saigon, en 1895, fondèrent le Carmel de Hanoi, d’où est issu celui de Huê.
(1) Archives des Missions Etrangères, rapport 451 sur la Cochinchine septentrionale, Mgr Allys.
(2) Bulletin de la Société MEP, année 1922, pp. 443-444.
(3) Bulletin - Chronique des Missions et des Etablissements communs 2, Hué, année 1935, pp.134-136.
(4) Voir « Le premier Carmel en Extrême-Orient » in Annales des MEP, année 1937, pp. 69-75.
(Source: Eglises d'Asie, 20 mars 2009)
Le Carmel de Huê est le troisième à avoir été fondé au Vietnam, après ceux de Saigon et de Hanoi. Au mois d’octobre 1909, Mgr Allys, vicaire apostolique de la Cochinchine septentrionale, se rendit en personne au couvent d’Hanoi pour y chercher le petit groupe de religieuses chargées de former la première communauté de religieuses contemplatives dans la capitale impériale de la dynastie des Nguyên. Il y avait deux religieuses françaises, originaire des Carmels du Mans et de Blois, et deux religieuses vietnamiennes, formées l’une à Saigon, l’autre à Hanoi. Elles étaient accompagnées d’une sœur tourière. Il leur suffit de trois mois pour s’installer sur le bord de la rivière des parfums sous le patronage de sainte Thérèse d’Avila. La première abbesse fut Sœur Aimée de Marie.
Deux ans plus tard, les seules difficultés rencontrées étaient financières; le fonctionnement de la communauté et son recrutement donnait toute satisfaction. Mgr Allys écrit dans son rapport annuel de 1911 (1): « Notre Carmel n’est pas encore complètement achevé. Les travaux ont été suspendus faute de ressources suffisantes. Mais cet arrêt dans les constructions ne porte pas de préjudice à la régularité du monastère ni au recrutement des Religieuses, ni à celui des Novices. Ces dernières sont au nombre de huit, toutes Vietnamiennes. » Douze ans plus tard, au début du mois de mai 1921, le monastère célébrait le troisième centenaire de la canonisation de sainte Thérèse d’Avila. Tous les bâtiments étaient achevés, le mur de clôture édifié, ainsi qu’une belle chapelle. La communauté se composait de quatre religieuses françaises, huit religieuses vietnamiennes, cinq novices et quatre postulantes, auxquelles il faut ajouter six sœurs tourières. Dans le petit cimetière accolé au couvent, reposait déjà trois religieuses, deux françaises, une vietnamienne (2).
En 1934, le 25ème anniversaire de la fondation du Carmel, célébrée sous la présidence de Mgr Chabanon, permettait aux religieuses de faire le point sur les progrès réalisés depuis leur arrivée à Huê. Le recrutement ne cessait d’être abondant et le Carmel de Huê a plusieurs fois essaimé. En 1923, il a fondé le premier Carmel des Philippines, qui, par la suite, donnera naissance à 23 autres couvents. Les carmélites de Huê sont aussi à l’origine de la fondation du Carmel des missions à Cholet, en France. Enfin, en 1929, un groupe de carmélites de Huê fonde le Carmel du diocèse de Thanh Hoa, qui est devenu aụjourd’hui le Carmel de Nha Trang. Le couvent dirigé par la sœur abbesse Marie Isabelle de la Trinité comptait alors une vingtaine de religieuses, dont quatre françaises (3). En 1959 fut nommée la première supérieure vietnamienne, Mère Aimée Marie Nguyên Huu Thi Tai.
En 1975, les événements de la guerre forcèrent la communauté carmélite de Huê à se réfugier au Sud. Elle y fut accueillie dans la paroisse Binh Triêu de Saigon. A cette époque, de nombreuses jeunes filles demandèrent à s’agréger à la communauté, si bien qu’en 1996, elle était composée de 38 religieuses. Le 17 avril 1996, onze d’entre elles, conduites par Sœur Thérèse Consolata, revinrent à leur ancien couvent de Huê, tandis que le reste de la communauté formait ce qui s’appelait désormais le Carmel de Binh Triêu et peut être considéré comme une fondation du Carmel de Huê.
C’est au XIXème siècle dans l’esprit d’un prisonnier condamné à mort que naquit le projet de fondation du carmel au Vietnam (4). Mgr Dominique Lefebvre a été en effet détenu et condamné à mort à Huê par deux fois, une première fois alors qu’il venait d’être sacré coadjuteur de Mgr Cuénot, une seconde fois, après qu’il eut été nommé vicaire apostolique de la Cochinchine occidentale. Au cours de son séjour en prison, il le révélera plus tard, il reçut une consigne mystérieuse de sainte Thérèse d’Avila: « Etablissez le Carmel en Annam: Dieu en sera grandement servi et glorifié. » Lorsque la paix fut rétablie, l’évêque se mit en rapport avec le Carmel de Lisieux, où se trouvait une de ses cousines, Sœur Philomène. C’est elle et ses compagnes qui fondèrent le Carmel de Saigon, où elles arrivèrent en octobre 1861. Les religieuses de Saigon, en 1895, fondèrent le Carmel de Hanoi, d’où est issu celui de Huê.
(1) Archives des Missions Etrangères, rapport 451 sur la Cochinchine septentrionale, Mgr Allys.
(2) Bulletin de la Société MEP, année 1922, pp. 443-444.
(3) Bulletin - Chronique des Missions et des Etablissements communs 2, Hué, année 1935, pp.134-136.
(4) Voir « Le premier Carmel en Extrême-Orient » in Annales des MEP, année 1937, pp. 69-75.
(Source: Eglises d'Asie, 20 mars 2009)