Eglises d’Asie, 18 juin 2010 – Alors que les tensions demeurent fortes entre les deux Corées, les principaux responsables religieux en Corée du Sud ont appelé leur gouvernement à renoncer aux sanctions économiques et à permettre la poursuite de l’aide humanitaire à la population nord-coréenne (1).
Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 17 juin à Séoul, 507 responsables de différentes religions ont demandé au gouvernement de Lee Myung-bak de revenir sur sa décision de suspendre la coopération et l’aide humanitaire avec la Corée du Nord. « Nous devons absolument tendre la main aux Nord-Coréens en leur faisant parvenir de toute urgence une aide humanitaire. Cela ne peut qu’aider à la réunification pacifique et à la réconciliation des deux Corées », a déclaré l’assemblée composée de bouddhistes, de catholiques, de protestants, d’adeptes du cheondo-gyo (2) et du bouddhisme won, deux religions autochtones.
Réunis au sein de la Religious Solidarity for Reconciliation and Peace of Korea, ils ont rappelé que la population nord-coréenne était en grave danger, affaiblie par les privations et la disette qu’elle subit depuis des années et que les sanctions ne feront qu’aggraver.
Depuis que le président sud-coréen Lee Myung-bak est arrivé au pouvoir en 2008, celui-ci, partisan d’une politique de fermeté envers la Corée du Nord, a fortement diminué les aides alimentaires qui étaient envoyées au voisin nordique par de nombreuses associations non gouvernementales et religieuses. Les relations entre les deux pays ont connu une brusque aggravation lorsqu’une commission d’enquête internationale a désigné, en mai dernier, la Corée du Nord comme étant à l’origine du tir de la torpille qui, le 26 mars, a coulé le Cheonan, un navire de guerre sud-coréen. L’incident, au sujet duquel le régime de Kim Jong-il, à Pyongyang, nie avoir une quelconque responsabilité, et qui a fait 46 morts, est l’un des plus graves survenus entre les deux Corées depuis l’armistice de 1953 (3).
Dès la parution des résultats de l’enquête, le président sud-coréen Lee Myung-bak a immédiatement annoncé des mesures de rétorsion envers Pyongyang. Les avions commerciaux sud-coréens contournent l’espace aérien nord-coréen, les échanges commerciaux ont été bloqués et même le complexe industriel commun de Kaesong, sis en Corée du Nord et symbole du rapprochement entre les deux Corées, est menacé d’une fermeture prochaine. Le gouvernement de Séoul a également décidé de couper les aides humanitaires, excepté celles destinées aux enfants.
Les deux Corées ont présenté leur version des faits devant le Conseil de sécurité de l’ONU le 14 juin à New York. Celui-ci a fait part de « sa grande préoccupation » et a enjoint aux deux parties de s’abstenir « de tout acte qui pourrait conduire à une escalade des tensions dans la région ». Alors que la Corée du Sud réclame une condamnation de la Corée du Nord par l’ONU, Pyongyang rétorque qu’elle n’hésitera pas à déclencher une offensive militaire si une telle résolution était prise.
Une partie de la communauté internationale a, quant à elle, d’ores et déjà pris de nouvelles sanctions contre Pyongyang. Le 16 juin dernier, le président américain Barack Obama a renouvelé pour un an les sanctions économiques contre le régime de Pyongyang en raison du « danger que représente le programme nucléaire de la Corée du Nord ». L’Union européenne a également fait part de l’adoption de mesures restrictives à l’égard du gouvernement de Kim Jong-il le 3 juin 2010. La Chine populaire, principal soutien du régime nord-coréen, est restée plus en retrait.
Face à cette impasse politique, les leaders religieux proposent dans leur déclaration commune du 17 juin, un sommet entre les deux nations: « Les responsables politiques doivent discuter plus profondément sur les mesures à prendre pour rétablir la paix dans la péninsule [coréenne], ce qui comprend l’aide humanitaire. »
Ce même 17 juin, le Conseil national des Eglises (protestantes) de Corée (NCCK) organisait à Séoul un grand rassemblement de prière des Eglises pour la paix et la réunification de la péninsule coréenne. Une journée qui s’inscrit dans le cadre de la semaine de la réconciliation nationale (du 15 au 25 juin 2010). De son côté, le Comité pour la réconciliation du peuple coréen de la Conférence des évêques catholiques de Corée (CBCK) a diffusé un message de son président, Mgr Lucas Kim Woo-hoe, évêque de Ch’unch’on, pour la Journée de prière pour la réconciliation et l’unité du peuple coréen, qui aura lieu le 20 juin (4). La crise grave que traversent actuellement les deux Corées a permis de prendre conscience de l’extrême fragilité de la paix, y déclare le prélat. Il engage donc ses fidèles à devenir des « artisans de paix », par la prière et en « prenant soin de ceux qui souffrent de cette division », notamment en continuant d’envoyer une aide humanitaire en Corée du Nord.
Tous les ans, le dimanche précédant le 25 juin, jour anniversaire de la fin de la guerre de 1950-53, l’Eglise catholique en Corée du Sud organise une Journée de prière pour la paix et l’unité du peuple de Corée. En juin 2009, alors les relations entre les deux pays subissaient une nouvelle crise à la suite des essais nucléaires de Pyongyang, les évêques catholiques avaient lancé le même appel à prier pour la réconciliation et à agir en faisant parvenir une aide humanitaire aux Nord-Coréens (5).
(1) Ucanews, 18 juin 2010.
(2) Le Cheondo-gyo (ou Chodo-gyo) est une religion syncrétique locale à tendance patriotique et nationaliste. Elle serait inspirée d’une révolte paysanne qui a éclaté à la fin du XIXe contre le régime féodal.
(3) L’armistice de 1953 a suspendu les hostilités entre les deux belligérants mais aucun traité de paix n’a mis fin légalement à la guerre.
(4) Site Internet de la CBCK, juin 2010
(5) Voir EDA 510
(Source: Eglises d'Asie, 18 juin 2010)
Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 17 juin à Séoul, 507 responsables de différentes religions ont demandé au gouvernement de Lee Myung-bak de revenir sur sa décision de suspendre la coopération et l’aide humanitaire avec la Corée du Nord. « Nous devons absolument tendre la main aux Nord-Coréens en leur faisant parvenir de toute urgence une aide humanitaire. Cela ne peut qu’aider à la réunification pacifique et à la réconciliation des deux Corées », a déclaré l’assemblée composée de bouddhistes, de catholiques, de protestants, d’adeptes du cheondo-gyo (2) et du bouddhisme won, deux religions autochtones.
Réunis au sein de la Religious Solidarity for Reconciliation and Peace of Korea, ils ont rappelé que la population nord-coréenne était en grave danger, affaiblie par les privations et la disette qu’elle subit depuis des années et que les sanctions ne feront qu’aggraver.
Depuis que le président sud-coréen Lee Myung-bak est arrivé au pouvoir en 2008, celui-ci, partisan d’une politique de fermeté envers la Corée du Nord, a fortement diminué les aides alimentaires qui étaient envoyées au voisin nordique par de nombreuses associations non gouvernementales et religieuses. Les relations entre les deux pays ont connu une brusque aggravation lorsqu’une commission d’enquête internationale a désigné, en mai dernier, la Corée du Nord comme étant à l’origine du tir de la torpille qui, le 26 mars, a coulé le Cheonan, un navire de guerre sud-coréen. L’incident, au sujet duquel le régime de Kim Jong-il, à Pyongyang, nie avoir une quelconque responsabilité, et qui a fait 46 morts, est l’un des plus graves survenus entre les deux Corées depuis l’armistice de 1953 (3).
Dès la parution des résultats de l’enquête, le président sud-coréen Lee Myung-bak a immédiatement annoncé des mesures de rétorsion envers Pyongyang. Les avions commerciaux sud-coréens contournent l’espace aérien nord-coréen, les échanges commerciaux ont été bloqués et même le complexe industriel commun de Kaesong, sis en Corée du Nord et symbole du rapprochement entre les deux Corées, est menacé d’une fermeture prochaine. Le gouvernement de Séoul a également décidé de couper les aides humanitaires, excepté celles destinées aux enfants.
Les deux Corées ont présenté leur version des faits devant le Conseil de sécurité de l’ONU le 14 juin à New York. Celui-ci a fait part de « sa grande préoccupation » et a enjoint aux deux parties de s’abstenir « de tout acte qui pourrait conduire à une escalade des tensions dans la région ». Alors que la Corée du Sud réclame une condamnation de la Corée du Nord par l’ONU, Pyongyang rétorque qu’elle n’hésitera pas à déclencher une offensive militaire si une telle résolution était prise.
Une partie de la communauté internationale a, quant à elle, d’ores et déjà pris de nouvelles sanctions contre Pyongyang. Le 16 juin dernier, le président américain Barack Obama a renouvelé pour un an les sanctions économiques contre le régime de Pyongyang en raison du « danger que représente le programme nucléaire de la Corée du Nord ». L’Union européenne a également fait part de l’adoption de mesures restrictives à l’égard du gouvernement de Kim Jong-il le 3 juin 2010. La Chine populaire, principal soutien du régime nord-coréen, est restée plus en retrait.
Face à cette impasse politique, les leaders religieux proposent dans leur déclaration commune du 17 juin, un sommet entre les deux nations: « Les responsables politiques doivent discuter plus profondément sur les mesures à prendre pour rétablir la paix dans la péninsule [coréenne], ce qui comprend l’aide humanitaire. »
Ce même 17 juin, le Conseil national des Eglises (protestantes) de Corée (NCCK) organisait à Séoul un grand rassemblement de prière des Eglises pour la paix et la réunification de la péninsule coréenne. Une journée qui s’inscrit dans le cadre de la semaine de la réconciliation nationale (du 15 au 25 juin 2010). De son côté, le Comité pour la réconciliation du peuple coréen de la Conférence des évêques catholiques de Corée (CBCK) a diffusé un message de son président, Mgr Lucas Kim Woo-hoe, évêque de Ch’unch’on, pour la Journée de prière pour la réconciliation et l’unité du peuple coréen, qui aura lieu le 20 juin (4). La crise grave que traversent actuellement les deux Corées a permis de prendre conscience de l’extrême fragilité de la paix, y déclare le prélat. Il engage donc ses fidèles à devenir des « artisans de paix », par la prière et en « prenant soin de ceux qui souffrent de cette division », notamment en continuant d’envoyer une aide humanitaire en Corée du Nord.
Tous les ans, le dimanche précédant le 25 juin, jour anniversaire de la fin de la guerre de 1950-53, l’Eglise catholique en Corée du Sud organise une Journée de prière pour la paix et l’unité du peuple de Corée. En juin 2009, alors les relations entre les deux pays subissaient une nouvelle crise à la suite des essais nucléaires de Pyongyang, les évêques catholiques avaient lancé le même appel à prier pour la réconciliation et à agir en faisant parvenir une aide humanitaire aux Nord-Coréens (5).
(1) Ucanews, 18 juin 2010.
(2) Le Cheondo-gyo (ou Chodo-gyo) est une religion syncrétique locale à tendance patriotique et nationaliste. Elle serait inspirée d’une révolte paysanne qui a éclaté à la fin du XIXe contre le régime féodal.
(3) L’armistice de 1953 a suspendu les hostilités entre les deux belligérants mais aucun traité de paix n’a mis fin légalement à la guerre.
(4) Site Internet de la CBCK, juin 2010
(5) Voir EDA 510
(Source: Eglises d'Asie, 18 juin 2010)